Les mangroves
Avicennia sp.
Ce genre botanique regroupe parmi les plus importantes espèces de mangroves. Toutefois, la famille botanique dans lequel il doit se classer fait l'objet d'un long contentieux entre les Acanthaceae, les Verbenaceae ou plus simplement les Avicenniaceae. Le débat plane aussi sur le nombre d'espèces que regroupe le genre Avicennia. Le fait est que ces espèces, notamment A. marina, possèdent des phénotypes extrêmement variables. Ainsi, des « espèces » telles que A. alba et A. encalytifolia. seraient en fait des sous-espèces de A. marina. En tous les cas, les mangroves de l'archipel Indonésien possèdent 4 espèces et sous-espèces recensées comprenant A. officinalis, A. marina, A. alba et A. eucalytifolia.
Description : Les fleurs d'Avicennia sont plutôt petites avec une envergure d'environ 5 mm. Elles se composent de 4 pétales jaunes à orangées et 4 étamines décalées entre les pétales. Elles sont hermaphrodites tout en favorisant un genre. Ainsi les fleurs « femelles » produisent un pollen stérile et les fleurs « mâles » des ovules stériles. Cette stratégie interdit l'autofécondation favorisant la diversité génétique essentielle pour l'adaptation de ces espèces aux conditions changeantes de ce milieu. Ces fleurs produisent du nectar et du parfum en grande quantité pour attirer des abeilles et autres insectes pollinisateurs. Chez A. officinalis l'ovaire est recouvert de poils soyeux avec un style hirsute et un stigmate largement plus court que le style, effilé bifide, divisé en deux. Chez A. marina, l'ovaire est glabre, sans poils à sa base et poilu dès sa moitié. Le stigma est aussi bifide mais de forme obtuse et de longueur égale voir plus longue que le style.
Les feuilles sont vertes claires, opposées, plutôt spatulées en milieu très salin et lancéolées en forme de faux en milieu moins salin. Chez A. officinalis, les feuilles sont obovales voire oblongues tandis que chez A. marina les feuilles sont plus étroites, lancéolées voire elliptiques-oblongues. C'est par les feuilles que les espèces de Avicennia sécrètent le sel absorbé par les racines, d'où la formation de petits cristaux blancs sur le limbe.
Les graines sont ovoïdes légèrement aplaties avec une extrémité se terminant en pointe légèrement courbe. Pour éviter les problèmes de germination en milieu salin, l'embryon commence à germer alors que le fruit se trouve toujours sur l'arbre. Mais, l'embryon perce uniquement la graine et pas le fruit dans un processus appelé cryptoviviparité.
Le fruit tombé dans la mer flotte bien. Son péricarpe spongieux, rempli d'air, lui permet de flotter plusieurs semaines en mer. Cette durée offre une excellente possibilité de dispersion. Les racines et les cotylédons ne poussent qu'une fois que le fruit est tombé. Ils apparaissent de préférence dans l'eau de mer sous des conditions favorables (pH et salinité).
Ecologie : A. marina et A. officinalis tolèrent un taux très élevé de salinité. Ce sont probablement les espèces les plus tolérantes au sel parmi les arbres poussant dans les mangroves et considérés comme tels. Toutefois, elles n'excluent pas le sel au niveau des racines comme le font d'autres mangroves. La sève porte donc un goût salé et les feuilles peuvent présenter un précipité de cristaux blanc. A. marina peut aussi tolérer un gradient important de pH ce qui en fait un arbre résistant bien aux variations du milieu. De plus, dans ce milieu anoxique, les Avicennia ont trouvé moyen de respirer par des pneumatophores. Ce sont des racines spongieuses qui poussent verticalement hors de l'eau. Ecologiquement, ces espèces sont pionnières dans ces zones de vase et de marée. Elles ont une croissance rapide et ont pour fonction écologique de fixer le sol, de stabiliser le milieu favorisant ainsi l'arrivée d'espèces moins résistantes et moins adaptées.
Usages : Le miel produit par les fleurs d'Avicennia est excellent et très recherché. Toutefois, celui produit par celles de Rhizophora, qui partage le même milieu, est toxique. Il faut donc se méfier des mélanges. Les fruits A. marina sont consommés grillés par certains groupes d'Aborigènes australiens. Les feuilles peuvent aussi leur servir de condiment pour huître.
Bois et écorce : En Indochine, Le bois d'A. alba permettrait de guérir les ulcères, les rhumatismes, la petite vérole et d'autres maladies. L'écorce peut être utilisée contre la lèpre et la gale. L'écorce de A. officinalis est fébrifuge. Son effet ressemble à celui de la quinine. C'est un remède efficace utilisé traditionnellement dans plusieurs régions contre la malaria.
Les fruits : les fruits d'A. marina sont diurétiques et anti-hépatiques. En Inde ils sont utilisés contre les tumeurs
Les graines : Les malais utilisent les graines comme poison pour la pêche. En Inde, les graines immatures sont appliquées en cataplasme contre les abcès, les plaies, les furoncles et la vérole. Aux Philippines elles servent à soigner les ulcères. Cuites, elles sont consommés dans certaines régions.
La résine : La résine est utilisée contre les morsures de serpents aux Philippines.
Les feuilles : Certains aborigènes d'Australie utilisent les feuilles pour soulager des piqûres d'animaux marins.
Bibliographie
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